Le Blog de Carloman

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MALEDICTION - Chapitre VIII

 

Extirpant sa lame sanglante de l'amas d'os et de chair, Aksaros, essoufflé, fut pris de nausée. La morsure et les griffures le faisaient souffrir atrocement, comme si mille dards avaient percé sa peau et trituraient ses chairs. L'odeur devenue infecte lui tournait la tête. La soif de vengeance et le désir de tuer commençaient à décroître sous l'effet de la fatigue et de la douleur. Mais Zoldar se dressait toujours, silhouette menaçante, à dix mètres du Xèrien. Il affichait un petit sourire narquois et paraissait très calme, sûr de sa victoire toute proche. Il tenait dans ses mains un grand bâton, couvert de runes étranges gravées dans le bois, et serti à son sommet d'une pierre sphérique d'un bleu intense, translucide, sans aucune impureté. Aksaros reconnut une pierre de pouvoir !

« Tu es fort, homme de Xèria ; fort et tenace, j'en conviens, mais tu ne peux pas me vaincre. La force brute, même saupoudrée d'un peu de magie, ne suffit pas contre un expert des arcanes. Malgré les bâtons que tu nous as mis dans les roues, la Confrérie de l'Orbe d'Onyx a percé une partie du mystère des pierres de pouvoir. En les incrustant sur des bâtons enchantés comme celui-ci, on obtient des armes très puissantes, car la pierre est un catalyseur de flux magiques. Plus besoin de gestes appropriés et d'incantations ! D'une pensée, la pierre s'active et le sortilège est lancé en un instant. Tu vas avoir l'honneur d'être l'une des premières victime de cette arme prometteuse ! » ajouta le sorcier en pointant la pierre vers Aksaros.

 

Le mercenaire, la tête basse, montrait tous les signes de l'abattement le plus total. Ne parvenant même plus à se tenir debout, il dut mettre un genou à terre. Le mage exultait.

« Adieu, chien ! Salantès sera déçu, mais tant pis. Fais tes pri... »

L'homme au crâne rasé ne termina jamais sa phrase, le dernier mot resta coincée dans sa gorge. Gorge à laquelle le mage, les yeux exorbités et le regard incrédule, porta la main pour sentir le liquide chaud qui s'en écoulait. Lancée d'une main sure, la dague avait pénétré profondément dans le cou, sectionnant probablement la carotide. Zoldar avait lâché son bâton et fit quelques pas hésitants, aussi raide qu'un automate, puis il vacilla avant de basculer sur une de ses tables de travail, dans un fracas de verre brisé et de parchemin déchiré.

« C'est le problème de tous les sorciers, dit Aksaros en regardant le cadavre de son ennemi. Vous parlez, vous palabrez, mais vous n'agissez pas. »

 

Épuisé, le Xèrien voulut néanmoins récupérer le bâton du mage, qui gisait à quelques mètres, près de son éphémère et malchanceux propriétaire. Il s'en empara, non sans difficulté, et le brandit comme une relique chèrement acquise, comme un trophée ardemment désiré. Il était cependant plus que temps de quitter la salle : les émanations sulfureuses, le mélange des poudres et des liquides avaient finalement provoqué plusieurs départs d'incendie. Une fumée âcre, épaisse, suffocante, montait jusqu'au plafond. Le mercenaire gagna en boitant la porte aux doubles battants et la referma derrière lui. Il se laissa aller, la tête en arrière, contre un mur cyclopéen. Son visage se crispait de douleur, les plaies de sa jambe l'élançaient cruellement. Malgré tout, s'appuyant sur le mur pour ne pas tomber, Aksaros entama le parcours qui devait le mener hors de cet endroit. Les gouttes de sueur, partant des tempes, dévalaient ses joues. Livide, les traits creusés, le Xèrien avançait, pourtant contraint à des pauses de plus en plus fréquentes. Soudain, deux hommes d'armes firent irruption au détour d'un couloir. Le mercenaire leva sa hache, mais les images se mirent à danser devant ses yeux, et il s'affala. Il sentit le contact froid de la pierre et un voile brumeux tomba sur son esprit.

 

Chapitre IX



25/04/2021
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