Le Blog de Carloman

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MALEDICTION - Chapitre IV

 

Après ce départ, un silence pesant s'installa, que le Xèrien fut le premier à rompre :

« Alors, tu es du côté de ce gringalet ? lança-t-il avec hargne.

- Sans vouloir t'offenser, Aksaros, ce gringalet a un peu plus d'avenir que toi, répondit calmement Diranis. Il est du bon côté des barreaux...

- Lorsque tu as disparu il y a six ans, après ce terrible combat contre un détachement ishorite, je t'ai cherchée, pendant des jours. Je t'ai cru morte ou prisonnière, reprit le mercenaire d'une voix émue.

- Désolée de t'avoir causé du souci, répliqua froidement Diranis. Oui, j'étais grièvement blessée, mais je m'en suis sortie in extremis. Et j'ai compris que ça ne pouvait plus durer. Le métier de mercenaire est trop précaire. Contrairement à ce que croient beaucoup de gens, on n'y fait que rarement fortune, mais on y risque sa peau, ça oui. J'ai décidé de m'établir.

- En te mettant au service de cette bande de sorciers ambitieux ?

- Mais je ne suis pas ici en tant que mercenaire.

- Je ne comprends pas.

- Eh bien, Zoldar – ainsi se nomme l'homme que tu viens de voir – et moi-même sommes les seigneurs de Gadûnzor »

Aksaros n'en croyait pas ses oreilles. L'indignation se mêlait à une jalousie inavouable. Il sentait une rage impuissante submerger son esprit.

« Ah, parce que tu couches avec ce... cette fiente de rat ?! Accepte mes excuses, j'ignorais que tu t'étais reconvertie en initiatrice pour sorcier inhibé.

- Aksaros, tais-toi...

- Une question me turlup... me taraude, pardon. Est-il capable de faire autre chose avec sa langue que cracher sa présomptueuse vanité ? Je l'espère pour toi, en tout cas.

- Serais-tu jaloux ?

- Même les mercenaires ont un cœur. J'avoue que je m'étais attaché à toi. J'ai eu tort. Maintenant, rejoins ton amant et laisse moi. Je veux être seul. »

 

Le Xèrien se rassit contre le mur et fixa le sol.

« Écoute, Aksaros, j'aurais préféré que ce soit n'importe quel mercenaire plutôt que toi qui soit envoyé ici, mais nous ne pouvons rien contre le destin. Je ne peux t'offrir qu'une chose : une dose de poison qui te donnera une mort rapide. Salantès te torturera pendant des semaines, crois-moi. Accepte cela, en souvenir de notre amitié. »

Aksaros leva la tête et Diranis ne lut rien d'autre qu'une haine ardente et implacable dans le regard du Xèrien.

« N'as-tu pas le courage de me tuer ? demanda-t-il d'une voix rauque. Où est ta fierté ? Où est ton honneur ? Ah, mais j'oubliais, ces mots ne veulent rien dire pour une femme, une guerrière de Vanji de surcroît, une putain en arm...

- C'est bon, le coupa brutalement Diranis, la voix emplie de colère. Crève donc de ton orgueil et de ta stupidité, Aksaros de Xèria ! »

Elle tourna les talons et sortit de la pièce. Le mercenaire vit qu'elle tirait une clé de bronze de sous son armure de cuir avant de refermer la porte du cachot et de la verrouiller. Elle lui adressa une dernière mise en garde depuis l'autre côté de la porte :

« Je te préviens, c'est moi qui garde les clés des prisons et qui commande les gardes de Gadûnzor. Je les ai recrutés moi-même. Ne songe même pas à t'enfuir, tu n'es pas dans les geôles de la citadelle de Saër à Hyrdanos. Ici, il y a un combattant armé et régulièrement relevé, en faction devant chaque cachot occupé, en plus des patrouilles régulières. A bon entendeur ! »

 

Chapitre V



23/04/2021
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