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LES LIONS NOIRS DE ZHÂR - Chapitre III

Mis en confiance par leur succès éclatant remporté sur les morts-vivants, les Zhâris jetèrent toutes leurs forces dans la bataille. Leur cavalerie chargea avec fougue, mais les guerriers cuirassés de Thosq utilisèrent leurs arbalètes et les elfes forestiers leurs grands arcs avec une mortelle précision, réalisant des coupes sombres dans les rangs de leurs adversaires. Le choc fut terrible, des faunes et certains mercenaires furent impitoyablement sabrés, mais les guerriers de Thosq et les golems tinrent bon. Avec leurs hallebardes ou leurs grands fléaux d'armes, les Ourgash désarçonnaient les Zhâris, ou bien ils tranchaient les jarrets des chevaux à coup d'épée. La lutte était terrible, acharnée, les cris des blessés, les râles d'agonie des mourants, le cliquetis des armes créaient un vacarme assourdissant. Les seigneurs-sorciers jetèrent leurs réserves dans la bataille, notamment pour éviter la débandade complète des régiments de faunes qui commençaient à perdre pied. Aksaros abattit plusieurs Zhâris avec son arbalète avant de dégainer son épée à lame flamberge pour plonger au cœur de la mêlée. Il se retrouva d’abord face à un guerrier de taille moyenne, au teint mat, qui faisait tournoyer sa hache au-dessus de lui tout en s'abritant derrière son bouclier rond. Le Xèrien et le Zhâri échangèrent plusieurs coups sans résultat, chacun esquivant, parant ou bloquant les attaques de son adversaire avec une égale habileté. Aksaros bondit et frappa de façon à ce que sa lame passe au-dessus du bouclier de son ennemi, mais s'il y parvint, son épée ne fit que racler les plaques d'acier qui couvraient le buste du Zhâri, lequel atteignit de sa hache le casque du Xèrien. Étourdi par le choc, ce dernier recula en chancelant. Se croyant déjà vainqueur, le Zhâri commit l’erreur de baisser sa garde. Aksaros en profita aussitôt et, d’une botte imparable, transperça de son épée l’ennemi trop présomptueux. Pendant ce temps, Valdrim, de sa fidèle bardiche, abattait les montures avant d'achever les cavaliers, frappant avec une impitoyable régularité. Les squaméens jetaient leurs sagaies sur les Zhâris, ou bien attaquaient les chevaux avec leurs griffes et leurs crocs. Les golems frappaient mécaniquement, mais leurs sabres se teintèrent bien vite de pourpre.

 

A la tête de sa garde, Djin'kura combattait vaillamment, cherchant à ranimer le moral des troupes par son exemple. Bayan la rejoignit un peu plus tard, après avoir endossé à son tour une armure de plates anthracite. Une trompette résonna, et la cavalerie zhârie se replia sur les ailes de l'infanterie, avec de lourdes pertes. La phalange des fantassins lourds entra alors en action et avança, aussi irrésistible qu’un fleuve en crue, en poussant de féroces cris de guerre et en frappant les lances contre les boucliers à une cadence de plus en plus rapide. Les humains et les nains de l'armée de Thosq répondirent par des vociférations et des gestes de défis, mais les elfes restèrent silencieux, selon leur habitude. Les seigneurs-sorciers avaient déjà perdu presque la moitié de leurs effectifs, les faunes s'étaient pour la plupart enfuis et il n'en restait qu'une poignée. Toutefois, les troupes les plus braves et les plus aguerries tenaient bon. Les seigneurs de Thosq se hâtèrent de reformer les rangs, tandis que les sphinges, qui survolaient toujours le champ de bataille, passèrent à l'attaque. Les archers ennemis les criblèrent de flèches et en abattirent certaines en vol, mais d'autres réussirent à fondre sur les fantassins, disloquant ici ou là les rangs, arrachant les têtes, fracassant les boucliers, brisant les lances de leurs vigoureuses pattes léonines, avant d'être encerclées, tuées ou contraintes de prendre la fuite par les airs, poursuivies par les traits vengeurs et les hurlements de haine. Aksaros et Valdrim virent de loin une sphinge s'élever, mais une flèche lui perça la poitrine, dans cette partie du corps si semblable à celui d'une femme, la plus fragile aussi, et elle s'écrasa sur les fantassins zhâris, qui, au milieu des cris de triomphe prirent la tiare de la créature avant de la décapiter et de promener sa tête comme un macabre trophée. En dépit de l'hécatombe qu'elles subirent, les sphinges donnèrent un répit suffisant aux seigneurs de Thosq pour réaligner leurs cohortes. Lorsque les fantassins zhâris arrivèrent au contact, ils trouvèrent leurs ennemis en ordre et prêts à en découdre. Arcs et arbalètes décochèrent flèches et carreaux mais les grands boucliers rectangulaires des fantassins, bien que fort encombrants, protégeaient efficacement la phalange.

 

Le choc fut moins violent qu'avec la cavalerie, mais la lutte s'annonçait tout aussi farouche. Aksaros et Valdrim s'étaient placés en première ligne, les doigts crispés sur leurs armes maculées de sang. Sous la pression énorme de la phalange zhârie, l'armée de Thosq recula, en bon ordre cependant. Les Zhâris poussèrent leur avantage avec ardeur, convaincus que la victoire était à portée de main. Mais les seigneurs des Ourgash n'avaient pas dit leur dernier mot ni laisser cours à leur puissance légendaire. Répondant sans doute à un signal muet, des sphères brillantes s'élevèrent au-dessus de l'armée de Thosq, et des éclairs en jaillirent, frappant de plein fouet la phalange, foudroyant les corps et carbonisant les armes en une fraction de seconde. En l'espace de quelques minutes, des centaines de fantassins furent ainsi terrassés avant d'avoir pu comprendre ce qui leur arrivait. Les survivants, hagards, hébétés, s'arrêtèrent, envahis par le doute et sentant la peur poindre en leur cœur. Les seigneurs-sorciers mirent à profit ce court instant de flottement pour lancer aussitôt la contre-offensive. Leurs troupes hétéroclites enfoncèrent les rangs des Zhâris désemparés, tandis que les sphinges en piqué fondaient à nouveau sur l'ennemi. Djin'kura était à la pointe de cette contre-attaque, accompagnée de sa garde, suivie de mercenaires parmi lesquels Valdrim et Aksaros. Leur élan avait rompu les rangs ennemis et la panique commençait à gagner certains régiments zhâris. L'avantage avait changé de camps. Djin'kura, comme possédée, tournoyait, virevoltait, semant la mort avec une grâce admirable et une férocité glaçante. Sa lame scintillante trouvait le défaut des armures d'acier, fendait les crânes, tailladait les chairs. Aksaros et Valdrim peinaient à la suivre malgré leurs efforts, les cadavres du champ de bataille gênant leur progression. Emportée par son ardeur, la sorcière elfe se retrouva finalement face à un prêtre-mage de Zhâr, monté sur son char, son épée noire comme l'ébène levée, prêt à combattre.

 

Chapitre IV



24/12/2020
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